L'étape clé de finissage du cuir
Publié le :
18/01/2018 11:39:26
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Le Guide de la Belle Maroquinerie
Une belle maroquinerie c’est avant tout un bon cuir…
Dans le précédent article, nous avons vu comment passer d'une peau à une matière imputrescible.
Le finissage est composé de plusieurs procédés qui vont donner le rendu visuel et esthétique au cuir. C’est par cette étape, qu’il y aura une différence drastique entre un cuir de bonne qualité et un mauvais cuir.
La teinture :
Comme son nom l’indique, la teinture est le procédé qui va permettre de donner de la couleur au cuir.

Magnifique teinte dans la masse des peaux.
La teinture pénètre jusqu'au coeur, la tranche est donc colorée d'où l'appellation de "cuir tranché".
La coloration d’un cuir peut être apportée uniquement par bain, dans le cas de cuir aniline ou plongé, ou par ajout de pigment (par pulvérisation au pistolet) pour un cuir pigmenté. Il y a donc différentes méthodes utilisées pour donner de la couleur à une peau, c’est le choix d’une méthode ou d’une autre qui apportera de la qualité ou non.
Brièvement on distingue aux deux extrêmes les cuirs plongés ou anilines et les cuirs recouverts lors du finissage.
-Cuirs plongés ou Anilines : la teinte du cuir n’est produite que par immersion dans un bain de colorants (plongés) ou pigments (aniline), le cuir peut alors respirer et se patiner avec le temps, elle nécessite à la base des cuirs sans aucun défaut.
-Cuirs recouverts : une véritable couche de pigment est apportée au cuir de piètre qualité pour cacher ses défauts donnant un aspect plastique qui ne va pas résister dans le temps.
Le cuir de taurillon utilisé sur notre portefeuille Damoiseau est teint en plein bain dans la masse.
L'éclat et la profondeur des couleurs ainsi que la souplesse de ce cuir est inégalable.
La nourriture :
La nourriture va permettre de donner du gras au cuir. Bien évidemment au départ les peaux contenaient du gras mais elles l’ont perdu lors du travail de rivière. En nourrissant la peau, on va l’assouplir et lui donner une meilleure résistance à l’usure, car si on ne la nourrit pas la peau aura tendance à durcir et à craqueler.
Il va sans dire que les cuirs recouverts que nous avons cités précédemment sont très peu nourris voir pas du tout. Les cuirs sont généralement nourris à hauteur de 5% du poids de la peau, et on appelle un cuir gras, un cuir nourrit à partir de 15% de sa masse. Les matières grasses apportées pour nourrir le cuir sont en générale du suif et de la graisse d’animaux marins, mais chaque tannerie a sa propre recette soigneusement conservée.
Un cuir gras saura parfaitement se patiner dans le temps, on peut généralement le reconnaître à l’aspect mat et au toucher cireux qu’il dégage contrairement à un cuir box qui est brillant et lisse.

Le cuir Barenia ou son cousin le Baranil sont des cuirs de veau gras légendaires.
Ils vont se bronzer subtilement avec la patine du temps.
Le finissage :
La tannerie vient d’obtenir par toutes ces étapes successives un cuir dont les propriétés physiques et mécaniques correspondent à ses attentes.
Cependant, l’esthétique du cuir n’est peut-être pas celle souhaitée, et la tannerie aura donc peut être besoin de corriger le cuir.
Bien évidemment plus la peau initiale est de meilleure qualité, moins la tannerie aura besoin de « rattraper » l’esthétique de la peau.
Ici encore des écarts énormes subsistent entre un cuir pleine-fleur qui n’a pas du tout été corrigé et un cuir à la fleur corrigé, ou encore pire à la croûte de cuir.

Les différentes couches d'une peau
En effet, si sur le cuir subsistent des défauts (cicatrices, rides, coupures,), le tanneur peut alors les faire disparaître en ponçant légèrement la peau, ensuite on peut imprimer un grain imitant ou non le grain original de la peau, d’où le nom fleur corrigée, ce grain artificiel apporte de la rigidité au cuir et va s’estomper dans le temps.
Le cuir de chèvre de ce porte-cartes Volage est l'exemple même d'un cuir pleine-fleur auquel on a laissé son grain naturel très rond et caractéristique de la chèvre.
L'oeil et la main de l'homme vont devoir écarter les défauts de peau qui ne peuvent être camouflés.
Encore pire, la croûte de cuir n’est tout simplement pas du cuir puisqu’on n’a plus la surface de la peau (la fleur), et ne peut même pas légalement être appelé cuir. Sur cette « croûte » on applique alors un grain mécanique, on la recouvre de pigments et autres enduits dans un unique but esthétique et de camouflage mais tout cela s’estompera très vite dans le temps.
Désormais, vous connaissez dans sa globalité les étapes qui permettent de passer de la peau au cuir.